Philippe PERRET


Philippe PERRET




Philippe Perret,
Pour un Xamax proche des Neuchâtelois

La nomination de Gilbert Gress à la tête de l'équipe de Suisse a fait une première "victime": Philippe Perret. Le Sagnard a effectué à La Grande-Motte son dernier camp d'entraînement en tant que joueur. Son avenir se situe toutefois "à 99% à Neuchâtel", où il y a de fortes chances qu'il devienne l'assistant du nouvel entraîneur. Sa priorité? Rapprocher le club des Neuchâtelois.


Gérard Stegmüller

L'été dernier, en abordant sa vingtième saison sous le chandail "rouge et noir" , il n'avait pas caché que celle-ci serait probablement sa dernière. Puis, il avait revu son plan de route. C' était son droit. Le bougre était prêt à repartir pour un tour. "Les cartes ont été redistribuées, corrige-t-il. Gilbert Gress s'en va. Son choix a précipité le mien. Je n'avais nullement envie de revivre une saison comme celle que j'ai vécue sous l'ère Stielike, où toute forme de respect avait disparu. La seule certitude, c'est que je serai Xamaxien à 99% à la rentrée. Probablement en tant qu'assistant du nouvel entraîneur."

A 37 ans, le Philippe Perret joueur en a donc assez vu. "J'ai été sollicité par des joueurs afin de m'occuper de leurs intérêts, et par des clubs de ligues inférieures pour le poste d'entraîneur-joueur. Ça fait toujours plaisir de savoir que l'on pense à vous. Mais ma place, mon coeur, demeurent à Neuchâtel Xamax, quand bien même il n'y a pas lieu d'évoquer le mot de trahison au cas où, peu probable, je devais quitter le club. Reste qu'il y a encore des choses à régler."


"Je ne tondrai pas le gazon !"

L'homme reprend son souffle pour enchaîner de plus belle: "Mon dernier match officiel, je le disputerai le 23 mai à Baden, voire le 1er juin à Berne à l'occasion de la finale de la Coupe de Suisse, ce qui serait une véritable apothéose. Il faut savoir dire stop, attention à ne pas accomplir la saison de trop, celle qui ne vous rapporte rien. On ne m'a pas proposé de succéder à Gress. Si on l'avait fait, peut-être que j'y aurais réfléchi. Mais j'estime que j'ai plus à gagner à apprendre le métier d'entraîneur (réd: dans quelques mois, Perret possédera les diplômes idoines) que de l'exercer. Pour tout dire, à 37 ans, je me sens un peu décalé par rapport aux jeunes de l'équipe. Il y a une génération de différence. Et puis, je serais trop proche des joueurs."

Philippe Perret probable futur entraîneur adjoint, cela signifie-t-il qu'il aura son mot à dire quant au nom du successeur de Gilbert Gress ? "Ce n'est pas moi qui vais m'imposer. L'avantage, c'est que je connais la maison à Fond. C'est tout bénéfice pour le nouvel entraîneur. Maintenant, il est aussi possible que je ne devienne pas son adjoint. Sachez qu'il existe d'autres ouvertures. Beaucoup de domaines sont à structurer. Non, je n'irai pas tondre le gazon !"

Le discours est touffu et diablement salivant. On continue. Morceaux choisis: "Le club doit sérieusement se demander si le fait d'être européen tous les deux ans est une priorité (...) Il faut axer sur la formation. En vingt ans, je ne sais pas si j'ai vu défiler cinq Neuchâtelois ! (...) Le club donne l'image que la première équipe est inaccessible pour les gens de la région (...) Le public n'est plus Fanatique, accro (...) Nous devons miser sur cette identité cantonale, un peu comme à l'époque, le FC Sion. (. . .) Tout Faire pour redevenir humble, se sentir concerné par le club."

Deux précisions: Rüdi Nägeli (sous contrat jusqu'en juin 1999) ne sera pas l'assistant du nouvel entraîneur, peu importe son nom. Soit il s'occupera à 100% de la formation, ou alors, hypothèse très vraisemblable, il suivra son actuel patron à l'ASF. Enfin, Philippe Perret a raison de conclure solennellement: "On discute... On discute... Mais on oublie que l'on ne sait pas dans quelle ligue militera Neuchâtel Xamax dans quelques mois !"

Merci de nous le rappeler.


Philippe Perret et ...

... la nomination de Gilbert Gress à la tête de l'équipe de Suisse: "Enrichissante pour notre équipe nationale. J'espère que cela va revaloriser le niveau du football suisse qui en a bien besoin."

... le président Facchinetti: "Je l'ai toujours considéré comme mon père adoptif. Cela veut tout dire."

... les présidents genre Christian Constantin: "Dans des pays comme l'Italie ou l'Espagne, ça peut encore aller. Mais en Suisse, il faut tout de suite les rayer de la carte. Car une fois que le mal est fait ..."

... la Maladière: "Actuellement malade ou en veilleuse le public n'attend qu'une seule chose: vivre à nouveau des moments magiques comme j'en ai connu."

... le Neuchâtel Xamax actuel: "Il ne faut pas juger l'équipe sur ses performances lors du camp d'entraînement. Je dirais que l'équipe se trouve présentement en pleine crise d'identité."

... les managers: "Si un joueur est en transaction avec un club étranger, c'est une bonne chose. Sinon ... personnellement, je n'ai jamais traité avec un manager. Actuellement, ils sèment la pagaille dans les clubs et font leurs petits comptes."

... la peine de Neuchâtel Xamax à enrôler un attaquant: "Quant il aurait fallu faire des choix, personne n'était là pour se mouiller. Puis, pour calmer le jeu, on a fait n'importe quoi. Jamais toutes les personnes concernées ne se sont mises ensemble autour d'une table."

... son idole: "Mon idole de toujours reste Johan Cruyff. A Neuchâtel Xamax, il y a eu Givens, Stielike. Reste que le joueur qui m'a le plus marqué demeure Jean-Marc Guillou. Une fois, lors d'un match, il avait réalisé un truc époustouflant. J'avais arrêté de courir. J'en étais sidéré."



La carte postale de Philippe PERRET


Tiré du journal L'Express de Neuchâtel, édition du vendredi 6 février 1998.

 [ L'Express ]



Retour à la page précédente
Francité